Il y a environ un an, je me trouvais sur un salon appelé " la journée des talents". Un salon extraordinaire, organisé dans la simplicité, où beaucoup d'artistes étaient présents pour nous faire découvrir leurs passions.
Moi, j'animais un stand pour enfant, où sur 3 tranches d'age différents, 3 enfants avaient commencé à, écrire une histoire (et illustré son écrit), et chaque enfant suivant, inventait une suite, etc...
Certains adultes ont accepté de se prendre au jeu, et voici le résultat. Histoire sans fin, à terminer selon son inspiration; mais idée bien sympathique à retenir pour les grandes réunions;
Bien sur, à la fin de la journée, chaque participant a eu droit a un exemplaire final.
A chaque changement de couleur, changement de main:
La femme à géométrie variable.
Elastique, elle ne l’est pas. Souple non plus.
Mais elle ne cesse de se métamorphoser. Tantôt mère, tantôt épouse et puis très souvent femme. Rouge, verte, jeune mûre… Elle se laisse déguster virtuellement : sucrée ? salée ? acide ? Douce ? Allez savoir ! Elle n’a jamais le même goût, ni la même consistance, encore moins le même parfum. On y perd ses étoiles… mais on y gagne en appétit !
Aujourd’hui, elle est glacée : ça tombe bien, il fait très chaud. S’approcher est un grand risque !
Paul hésite, regarde le ciel.
Peu à peu, le vent du sud anime les feuilles du platane centenaire. L’aborder ou pas ? Lui parler ? La toucher des yeux ? Il fait demi-tour, se ravisant. Puis, de sombres nuages arrivent et la douce musique des feuilles de platane devient plus forte. Poussé par un sentiment étrange, Paul décide de rencontrer cette femme. Son esprit rationnel et pragmatique est étouffé, repoussé au plus profond de lui par un sentiment de curiosité et d’aventure. Il s’agenouille près du ravin pour cueillir quelques fleurs des champs. Le temps est devenu beaucoup plus maussade, la colline s’est assombrie, mais son envie de rencontrer cette femme à la silhouette fine et élancée est de plus en plus forte. Elle est étendue dans un transat au tissu bleu et blanc, un large chapeau masque son visage, son livre est posé dans l’herbe à ses cotés. Paul s’approche doucement vers elle, elle ôte son chapeau, et, faisant mine de ne pas remarquer sa présence, elle scrute le ciel…
De lourds nuages chargent l’horizon qui disparaît peu à peu, confondu entre le profil diffus des collines et ces menaces célestes. L’ombre peu à peu envahit l’espace. Où est passé le bleu ? La douce tiédeur du soleil est partie désormais. Mais une ombre se précise, là, derrière elle…et un souffle calme et puissant la précède…
Serait-ce un amant ? Son père ? Quelque chose qui la tourmente, l’émeut, la fait trembler.
De gros nuages noirs assombrissent son cerveau déjà très tourmenté. Est-elle sur un bateau qui tangue dans la houle lui donnant la nausée ? Pourtant, cet arc en ciel, du fond de sa mémoire, fait ressurgir des trésors oubliés de son enfance.
« Maman !! L’âme de mon âme, viens me chercher, prend moi dans tes bras, vois comme je pleure…
Pendant ce temps, à l’autre bout de la terre, sur une plage à l’est du Vietnam, une femme d’une cinquantaine d’années proposait aux touristes étalés sur la plage ses services de massage…..Mais son regard était ailleurs, quand soudain, surgi de nulle part…
... Ou plutôt sur le Mékong, l’amant tant rêvé, désiré, l’ami, l’amour, le tuteur aux yeux bleus, souvenir de son enfance tortueuse.
Alors, elle arrêta net ses activités de massage pour se diriger vers cet homme mystérieux, survenu de nulle part… A l’ombre des bambous…Elle s’approcha, il la reconnut, et lisait dans ses yeux bridés la douceur et l’innocence de leur enfance…
Jusqu’à présent, on n’avait parlé (et décrit) que de femmes plutôt langoureuses, de chaleur et l’histoire prenait un tour exotique. Tout ceci était bercé par une authentique quête de paradis parfois artificiel pour touristes fortunés. Et puis il y avait Paul, Paul enfermé dans sa petite chambre à la recherche de vérités à écrire. Paul un sexagénaire sans avenir, puisque son univers avait basculé il y a de ça trois ans : licencié de manière injuste, injustifiée…Il essaie depuis de se reconvertir en pure perte. Il boit trop pour oublier…pour se projeter quelque part ailleurs où le temps est plus clément, où les « sœurs » plus clémentes se promènent sur les plages…
Ce livre n’aboutira jamais. Il tremble un peu, se frotte les yeux délavés et rouges d’avoir trop pleuré. Le Vietnam ? Et pourquoi pas la Thaïlande ! Non, non, il préfère revenir à une plus grande authenticité ; la déprime, le tabagisme, l’alcoolisme, un visage buriné et malgré cela un espoir de s’en sortir, de vivre ; Tenez, la voisine du second lui a fait un beau sourire ce matin dans l’escalier… Chaleur humaine !
Peut-il encore croire en une deuxième chance, Cette deuxième vie qui redémarre dans une sorte de rédemption. Probablement avec l’aide chaleureuse d’une autre…
Il se sentirait alors capable de rebondir et de montrer ses possibilités à tous les niveaux…
Un espoir après tout pas si rare… Il peut commencer à écrire le scénario…
Paul…
En cette fin de journée, ses yeux vont vers Paul. Un sentiment de désir, elle devient tendre. Sa peau l’appelle, instinctivement, elle fait un pas, puis deux. Il est proche, elle le frôle !... Surpris, Paul se retourne, le regard de l’un pénètre l’autre, le début d’un geste d’amour…
Sa sensualité à fleur de peau l’emporte dans une spirale d’émotions. Une immense confusion la saisit. Qu’est ce qu’il lui a pris ?... Elle d’habitude si réservée, si intérieure… ne sait qu’elle suite donner à cet élan incontrôlé. Sa froideur reprend le dessus et dans un murmure, elle bredouille un « pardon » sans chaleur….